@Stéphanie W :
Je te trouve encore une fois très condescendant dans tes propos.
Je suis à la fois désolé et étonné que tu trouves mes propos condescendants. Ce n’est absolument pas mon attitude. Je pense que la plupart des personnes intervenant sur ce sujet (sinon tous) ont plus de connaissances et de compétences que moi en conception web et je ne vois donc pas comment je pourrais me montrer condescendant à leur égard. Ça doit tenir à quelque chose dans ma façon de m'exprimer, désolé ; je fais parfois le même effet en real life. Pour parodier quelqu'un, je ne suis pas condescendant, c'est juste mon discours qui est comme ça.
Ce que je retiens de l’article de Marie Guillaumet, c’est qu’en conception web, le poids des modes et des gourous est écrasant et qu’il ne faut pas les suivre aveuglément. Pour la plupart des concepteurs web, passer au flat design n’est sûrement pas le fait d’une réflexion profonde mais de l’adhésion à des diktats, le suivisme étant plus courant que la libre réflexion.
On peut certainement trouver des tableaux d’art moderne moches, étant donné que, depuis longtemps le but de l’“art moderne” (un terme dangereusement flou) n’est plus de faire du beau, cf. l’urinoir renversé ou la Joconde à barbe et moustaches de Marcel Duchamp (
LHOOQ), mais du conceptuel.
“
L'art conceptuel est un mouvement de l'art contemporain apparu dans les années 1960 mais dont les origines remontent aux ready made de Marcel Duchamp au début du XXe siècle. L'art est défini non par les propriétés esthétiques des objets ou des œuvres, mais seulement par le concept ou l'idée de l'art. Il s'oppose ainsi à la définition dominante de la beauté artistique avant le début du XXe siècle, exprimée par Emmanuel Kant dans la Critique de la faculté de juger, selon laquelle “le beau est ce qui plaît universellement sans concept”. (
http://fr.wikipedia.org/wiki/Art_conceptuel)
Aussi, affirmer que les gens n’ont pas à ne pas trouver le travail de certains artistes moche relève à la fois d’une conception de l’art actuellement dépassée (art = beau), de l’élitisme (seuls les gens convenablement formés peuvent juger) formés et du terrorisme intellectuel (tu n’as pas le droit d’affirmer que Picasso n’est pas beau).
En tout cas, moi, pour ce qui est du beau, je m’en tiens à la définition de Kant, et l’urinoir renversé de Duchamp, non, ce n’est pas beau. J'attends de l'art (tous domaines confondus) qu'il me propose des émotions esthétiques ou dramatiques mais pas des rébus, de surcroît à la signification triviale.
Pour la différence entre webdesign et art, traitée en images, voir
http://www.webdesignerdepot.com/2009/09/the-difference-between-art-and-design/.
@audrasjb :
Désolé pour Hermann et Thierry, mais il est difficile de discuter tranquillement quand la moitié du fil est trollée…
Il n’y a certes pas moyen de discuter tranquillement quand certains stigmatisent comme trolls les opinions (que je pense plutôt argumentées) qui contredisent les leurs. Si discuter tranquillement consiste à discuter entre gens qui partagent les mêmes avis, bof…
Enfin, pour revenir à la question du flat design, une citation de Gregory Benford, qui n’est pas précisément un imbécile (
http://fr.wikipedia.org/wiki/Gregory_Benford) – certains lecteurs diront peut-être que comme ça sort d’un roman, c’est pas vrai :
Pour un humain — c’est-à-dire un panu évolué — un écran d’ordinateur, si classe qu’il puisse être, ne vaudrait jamais une page imprimée. La page dépendait de la lumière environnante, de ce que les experts appelaient “la couleur soustractive”, grâce à laquelle les caractères ajustables apparaissaient. D’un simple mouvement, on pouvait plier la page, l’incliner et la rapprocher ou l’éloigner de l’œil. Quand on lisait, les anciennes parties reptilienne, mammifère et primate du cerveau prenaient part à la préhension du livre, parcouraient la page incurvée, en déchiffraient les ombres et les reflets.
Il y réfléchit à la lumière des nouvelles perspectives qu’il avait sur lui-même en tant qu’animal contemplatif. Il s’était rendu compte, en rentrant de Panucopia, qu’il avait toujours détesté les écrans d’ordinateur.
L’écran utilisait des couleurs additives, qui lui fournissaient leur propre lumière — dure, plate, immuable. Il était préférable, quand on se trouvait devant un écran, de conserver une posture statique. Seule la partie supérieure du cerveau, celle de l’Homo sapiens, était pleinement impliquée alors que les étages inférieurs restaient inactifs.
Il avait passé toute sa vie à travailler devant des écrans, et toute sa vie son corps avait protesté en silence. Dans l’indifférence. Il est vrai que, pour l’esprit pensant, l’écran semblait plus vivant, plus actif, plus rapide. Rayonnant d’énergie.
Mais au bout d’un moment, la monotonie s’installait. Les autres strates du moi s’ennuyaient, s’agitaient, ne tenaient plus en place, tout cela au niveau inconscient. Ça finissait par devenir lassant.
Gregory Benford,
Fondation en péril, Pocket, 2002, pp. 497-498.
Pour moi, ce qu’il faut en retenir, c’est que notre système neurosensoriel visuel est conçu pour un environnement à quatre dimensions, avec des objets multiples, en relief, avec des sources de lumière, des ombrages, des reflets, des réflexions et des réfractions de lumière, des mouvements, etc.
Si le flat design suscite tant de controverses, et peut-être des controverses d’un niveau encore inégalé dans le monde de la conception web comme parmi les profanes, c’est qu’il y a un réel malaise avec cette tendance. Et si, au fond, si le vrai problème du flat design, c’était qu’il constitue un environnement trop pauvre pour satisfaire notre système neurosensoriel visuel ? Et non, ça ne veut pas dire que je prône le retour aux textures et aux gifs animés.
Peut-être qu’un jour, on en viendra à dire que
trop de minimalisme tue le minimalisme, ou que
too much less is less ?
Un autre article intéressant :
Quand le flat design nuit à l’ergonomie.
Modifié par thierry (30 Jul 2014 - 19:51)