Bah on va tenter de remettre un peu d'ordre dans le fil.
Yosh a écrit :
Je travaille dans une grande webagency et on est devant cette problématique tous les jours. Ça ne nous empêche pas de produire des sites valide w3c quand necessaire, mais selon la cible on ne se gène pas non plus pour faire des bons gros sites flash avec 3D, after effect et musique, ou l'accessibilité en mode texte est nulle. Et au final ça n'est pas génant puisque la cible visée correspond bien. (en gros on s'en tape si tel site n'est pas visible sur mobile ou sur plage braille, pour parler cruement)
Cette démarche, largement pratiquée par les agences web, s'appuie sur l'inconnaissance des enjeux du web à la fois par les agences et par les clients. Il y a 3 présupposés discutables dans ce que tu énonces :
1.
un site web aurait une cible
(si monsieur X, non-voyant, veut offrir un cadeau (mettons un bel objet) à sa petite fille chérie, pourquoi n'aurait-il pas un descriptif précis sur le site d'une boutique en ligne de design afin de faire un choix en fonction des goûts de la destinatrice ? Autre exemple : madame Y, espagnole, veut consulter le site d'une boutique française mais ne parle pas le français : pourquoi ne peut-elle pas passer par un outil de trad, ce qui suppose une version textuelle disponible ? Je pourrais te lister 50 autres cas similaires. D'un point de vue purement marketing, se passer volontairement de 0,5 / 2 / 10% de clientèle potentielle est tout simplement aberrant. Je ne connais pas UN SEUL client qui, informé, l'accepterait... Ceci ne fonctionne donc que parce que vos clients sont globalement désinformés.)
2.
un site web serait fait pour être consulté depuis un outil privilégié
(je suis dans le train et j'ai besoin de consulter un site avant d'arriver à destination mais manque de bol j'ai pas mon portable, ou y'a pas wifi dans le wagon, ou etc... Je fais quoi ? je sors mon mobile. Exemple 2 : je suis au boulot et j'ai besoin d'un renseignement, je me connecte et crac, le site ne fonctionne que JS activé, or dans la boite on n'a pas JS activé pour des raisons de sécurité. Là aussi, 50 autres exemples sont possibles. L'idée que des contenus sont liés à un outil particulier est typiquement l'idée de webagencies peu préoccupées par les émergences de nouveaux outils et de nouvelles pratiques, ou peu soucieuses d'efficacité en terme de service web offert aux utilisateurs. Là encore, je doute qu'un client bien informé l'accepte, d'autant qu'il aura à refaire son site intégralement dans 2 ans pour qu'il passe bien sur mobiles. S'il revient vers vous pour passer commande, explique-lui qu'on aurait pu faire autrement dès le départ, tu verras quelle sera sa réaction

Je suis prêt à parier qu'il aurait échangé le flash contre une interopérabilité !)
3.
L' "oubli" de ces publics potentiels serait conditionné par un besoin impératif d'interfaces graphiques écran
(tout l'intérêt des standards est de proposer justement des solutions robustes d'alternatives utilisables. Le "besoin impératif d'interfaces graphiques écran" N'EXCLUT PAS la présence de dispositifs permettant d'autres usages. Seulement développer des sites qui soient à la fois riches graphiquement et dotés de ces dispositifs demande des compétences pointues et un réel niveau d'expertise. Là encore, je doute que ça plaise à vos clients s'ils étaient informés qu'ils perdent 0,5 / 3 / 10% de clients/visiteurs potentiels.)
Je me permets de remettre ici la citation qui concluait le premier post parce qu'elle parle exactement de ça :
Ian Jacobs (W3C / UAAG) :
Ce n'est pas tant les éditeurs de logiciels qui vont être difficiles à convaincre, car de plus en plus de pays imposent des normes qui vont dans notre sens, mais plutôt les développeurs de site. De manière générale, au bout d'une journée d'explication, nous arrivons à leur faire passer le message. Je ne sais pas si WAI implique un changement radical dans leur travail au quotidien mais il est certain que cette norme ne va pas sans engendrer des changement culturels auxquels, pour l'instant, la majorité des sociétés commerciales sont peu sensibles.
Maintenant, pour en revenir au sujet, la question n'est pas de supprimer toute "interface riche" comme tu as l'air de le croire. Elle est, pour tous les exemples cités dans les 3 points, de ne rien délivrer de crucial et d'utile dans ces interfaces de façon à ce que tout un chacun puisse accéder aux services web de façon à peu près équivalente.
L'idée numéro 2, qui vient juste après, c'est que les outils étant de plus en plus capables d'intervenir sur l'aspect des contenus, les interfaces graphiques produites par les auteurs seront de moins en moins utiles/utilisées/utilisables. Le comble étant atteint le jour où on réussira à récupérer des éléments indépendamment à la fois de la volonté de l'auteur et à la fois des autres éléments qui les entourent, et qu'on les retraitera de façon complètement autonome, leur donnant la forme qu'on veut, la couleur qu'on veut, le volume qu'on veut, la typo qu'on veut, la taille qu'on veut, etc. Ce jour là il y aura autant d'interfaces du document que d'utilisateurs simultanés.
Je comprends le désarroi de certains devant cette perspective que je crois inéluctable
parce que cohérente avec l'outil en tant que tel, cohérente avec les besoins-utilisateurs et cohérente avec la technologie telle qu'elle avance. Ces trois facteurs réunis suffisent à faire de cette perspective un probable devenir. Dire que ça ne fait pas débat est une façon comme une autre d'actionner le frein à main
a+
Modifié par Arsene (25 Sep 2008 - 15:16)