Que le projet soit "digital" ou pas, la maîtrise d'ouvrage est bien souvent sous estimée dans les projets. Dans beaucoup d'entreprises, on nomme quelqu'un responsable de la maîtrise d'ouvrage parce qu'il connaît le sujet (et encore pas toujours!) mais sans lui donner un minimum de formation sur ce que ça signifie.
Lorsque je faisais (il y a une dizaine d'années) des cours sur la conduite de projet, j'avais décrit le rôle du maître d'ouvrage comme:
"Dire ce qu'on veut et payer pour l'obtenir"
Le plus simple semble être de payer, mais même cela n'est pas toujours sûr. J'ai vu des projets dans lesquels le maître d'ouvrage n'avait pas réellement le pouvoir de prendre des engagements dans ce domaine. J'ai vu un grand groupe français (dont je tairai pudiquement le nom) refuser de payer les avenants signés par le maître d'ouvrage sous prétexte qu'il n'avait pas autorité pour cela.
Quant à "dire ce qu'il veut", on constate en général que le maître d'ouvrage en est incapable: beaucoup de cahiers des charges sont de très mauvaise qualité, c'est à dire qu'ils comportent (en grand nombre) les "7 péchés capitaux" suivants
Noter que les sociétés qui font leur beurre dans le domaine des projets au forfait travaillent de la façon suivante:
1) on fait analyser par une équipe de spécialistes le cahier des charges émis par le maître d'ouvrage
2) on note tous les "péchés capitaux", on en signale certains, mais on en garde d'autres sous le coude, en particulier des "silences" et "ambiguïtés", mais pas seulement
3) on fait une proposition au forfait assez bon marché pour gagner le contrat
4) on réalise exactement ce que le client à demandé
5) au moment de la recette, on démontre au client qu'on a fait ce qu'il a spécifié
6) le client est obligé de passer des avenants pour obtenir ce dont il a besoin
7) comme il n'a pas la possibilité de s'adresser à d'autres fournisseurs pour ces avenants, on lui fait payer un max
Alors OUI! on a besoin d'une équipe d'assistants à la maîtrise d'ouvrage à la hauteur, et ce n'était pas le cas de la plupart des entreprises quand je suis parti en retraite il y a dix ans. Je doute que ça ait beaucoup évolué.
Je ne connais qu'une seule personne -- dont la compétence est indéniable -- qui fasse partie d'une équipe d'assistants à la maîtrise d'ouvrage constituée au sein de son entreprise.
C'est un métier sous-estimé à tort.
Il s'agit de savoir:
- recueillir les besoins, ce qui est un travail très complexe, la plupart des intéressés n'ayant en fait aucune idée précise de leurs besoins
- rédiger des cahiers des charges en évitant les "péchés capitaux" ci-dessus
- obtenir un consensus réel, avec engagements fermes, de la direction de l'entreprise sur la validité de ce cahier des charges
- forcer un dialogue constructif avec la maîtrise d’œuvre, pour éviter les incompréhensions, et surtout la propension des techniciens à réaliser non pas ce qu'on leur demande, mais ce qu'ils savent faire, ce qui est rarement la même chose
- lorsque des incidents se produisent en cours de projet, comprendre ce qui se passe, quelles sont les alternatives, définir les compromis nécessaires entre délais, prix et fonctionnalités, plutôt perdre du temps à discuter de "la faute à qui"
- effectuer la recette
J'avais plaidé en mon temps pour qu'on organise des formations sérieuses à ce travail. Je ne sais pas si cela existe aujourd'hui, mais c'est quelque chose d'indispensable.
Modifié par PapyJP (05 Aug 2017 - 10:30)
Lorsque je faisais (il y a une dizaine d'années) des cours sur la conduite de projet, j'avais décrit le rôle du maître d'ouvrage comme:
"Dire ce qu'on veut et payer pour l'obtenir"
Le plus simple semble être de payer, mais même cela n'est pas toujours sûr. J'ai vu des projets dans lesquels le maître d'ouvrage n'avait pas réellement le pouvoir de prendre des engagements dans ce domaine. J'ai vu un grand groupe français (dont je tairai pudiquement le nom) refuser de payer les avenants signés par le maître d'ouvrage sous prétexte qu'il n'avait pas autorité pour cela.
Quant à "dire ce qu'il veut", on constate en général que le maître d'ouvrage en est incapable: beaucoup de cahiers des charges sont de très mauvaise qualité, c'est à dire qu'ils comportent (en grand nombre) les "7 péchés capitaux" suivants
JPM a écrit :
1 Silence: chose qu'on a oublié de spécifier, le plus souvent parce que c'est "bien évident"
2 Bruit: information inutile dans la spécification, qui perturbe la compréhension du besoin
3 Contradiction: spécifications contradictoires
4 Ambiguïté: spécification qui peut se comprendre de façons différentes
5 Référence en avant: parler de quelque chose qui sera défini plus loin dans la spécification; quitte à ce que le plus souvent ce ne soit pas défini dans la suite, ou défini "en boucle" genre le dictionnaire qui donne
* drapeau: voir étendard
* étendard: voir fanion
* fanion: voir drapeau
6 Vœu pieux: spécification impossible à tester
7 Surspécification: description non pas de la fonctionnalité nécessaire, mais d'une façon de l'obtenir imaginée par la personne qui a établi la spécification
Noter que les sociétés qui font leur beurre dans le domaine des projets au forfait travaillent de la façon suivante:
1) on fait analyser par une équipe de spécialistes le cahier des charges émis par le maître d'ouvrage
2) on note tous les "péchés capitaux", on en signale certains, mais on en garde d'autres sous le coude, en particulier des "silences" et "ambiguïtés", mais pas seulement
3) on fait une proposition au forfait assez bon marché pour gagner le contrat
4) on réalise exactement ce que le client à demandé
5) au moment de la recette, on démontre au client qu'on a fait ce qu'il a spécifié
6) le client est obligé de passer des avenants pour obtenir ce dont il a besoin
7) comme il n'a pas la possibilité de s'adresser à d'autres fournisseurs pour ces avenants, on lui fait payer un max
Alors OUI! on a besoin d'une équipe d'assistants à la maîtrise d'ouvrage à la hauteur, et ce n'était pas le cas de la plupart des entreprises quand je suis parti en retraite il y a dix ans. Je doute que ça ait beaucoup évolué.
Je ne connais qu'une seule personne -- dont la compétence est indéniable -- qui fasse partie d'une équipe d'assistants à la maîtrise d'ouvrage constituée au sein de son entreprise.
C'est un métier sous-estimé à tort.
Il s'agit de savoir:
- recueillir les besoins, ce qui est un travail très complexe, la plupart des intéressés n'ayant en fait aucune idée précise de leurs besoins
- rédiger des cahiers des charges en évitant les "péchés capitaux" ci-dessus
- obtenir un consensus réel, avec engagements fermes, de la direction de l'entreprise sur la validité de ce cahier des charges
- forcer un dialogue constructif avec la maîtrise d’œuvre, pour éviter les incompréhensions, et surtout la propension des techniciens à réaliser non pas ce qu'on leur demande, mais ce qu'ils savent faire, ce qui est rarement la même chose
- lorsque des incidents se produisent en cours de projet, comprendre ce qui se passe, quelles sont les alternatives, définir les compromis nécessaires entre délais, prix et fonctionnalités, plutôt perdre du temps à discuter de "la faute à qui"
- effectuer la recette
J'avais plaidé en mon temps pour qu'on organise des formations sérieuses à ce travail. Je ne sais pas si cela existe aujourd'hui, mais c'est quelque chose d'indispensable.
Modifié par PapyJP (05 Aug 2017 - 10:30)
dew a écrit :
Est-ce pour répondre à un devoir ?
Pour obtenir des réponses peut-être faudrait-il définir un peu plus le termes AMOA et "digital" dans ce contexte.
Quelle maîtrise d'ouvrage ? Quel type de projet ? (Numérique par pitié)
Bonjour Dew,
Pour moi l'AMOA c'est entre autres :
- conseiller le porteur de projet sur les différents choix qui peuvent être pris
- être l'interface entre porteur du projet et maître d'oeuvre (présentation du besoin, avancés...)
- la rédaction des specs fonctionnelles
- la validation des aspects fonctionnels (si choix déjà pris en amont)
- être force de proposition pour améliorer le projet
- manager les équipes
- être le garant de la bonne tenu du projet
- assurer les phases de recette
- suivre les avancés du projet
Il est pour moi un soutien indispensable pour les deux parties que sont la MOA et la MOE.
Pour ce qui est du type de projet numérique je pense à : sites internet, portails, e-commerce, applications mobiles...
Modifié par debalsjeremy (05 Aug 2017 - 12:09)
PapyJP a écrit :
Que le projet soit "digital" ou pas, la maîtrise d'ouvrage est bien souvent sous estimée dans les projets. Dans beaucoup d'entreprises, on nomme quelqu'un responsable de la maîtrise d'ouvrage parce qu'il connaît le sujet (et encore pas toujours!) mais sans lui donner un minimum de formation sur ce que ça signifie.
Lorsque je faisais (il y a une dizaine d'années) des cours sur la conduite de projet, j'avais décrit le rôle du maître d'ouvrage comme:
"Dire ce qu'on veut et payer pour l'obtenir"
Le plus simple semble être de payer, mais même cela n'est pas toujours sûr. J'ai vu des projets dans lesquels le maître d'ouvrage n'avait pas réellement le pouvoir de prendre des engagements dans ce domaine. J'ai vu un grand groupe français (dont je tairai pudiquement le nom) refuser de payer les avenants signés par le maître d'ouvrage sous prétexte qu'il n'avait pas autorité pour cela.
Quant à "dire ce qu'il veut", on constate en général que le maître d'ouvrage en est incapable: beaucoup de cahiers des charges sont de très mauvaise qualité, c'est à dire qu'ils comportent (en grand nombre) les "7 péchés capitaux" suivants
Noter que les sociétés qui font leur beurre dans le domaine des projets au forfait travaillent de la façon suivante:
1) on fait analyser par une équipe de spécialistes le cahier des charges émis par le maître d'ouvrage
2) on note tous les "péchés capitaux", on en signale certains, mais on en garde d'autres sous le coude, en particulier des "silences" et "ambiguïtés", mais pas seulement
3) on fait une proposition au forfait assez bon marché pour gagner le contrat
4) on réalise exactement ce que le client à demandé
5) au moment de la recette, on démontre au client qu'on a fait ce qu'il a spécifié
6) le client est obligé de passer des avenants pour obtenir ce dont il a besoin
7) comme il n'a pas la possibilité de s'adresser à d'autres fournisseurs pour ces avenants, on lui fait payer un max
Alors OUI! on a besoin d'une équipe d'assistants à la maîtrise d'ouvrage à la hauteur, et ce n'était pas le cas de la plupart des entreprises quand je suis parti en retraite il y a dix ans. Je doute que ça ait beaucoup évolué.
Je ne connais qu'une seule personne -- dont la compétence est indéniable -- qui fasse partie d'une équipe d'assistants à la maîtrise d'ouvrage constituée au sein de son entreprise.
C'est un métier sous-estimé à tort.
Il s'agit de savoir:
- recueillir les besoins, ce qui est un travail très complexe, la plupart des intéressés n'ayant en fait aucune idée précise de leurs besoins
- rédiger des cahiers des charges en évitant les "péchés capitaux" ci-dessus
- obtenir un consensus réel, avec engagements fermes, de la direction de l'entreprise sur la validité de ce cahier des charges
- forcer un dialogue constructif avec la maîtrise d’œuvre, pour éviter les incompréhensions, et surtout la propension des techniciens à réaliser non pas ce qu'on leur demande, mais ce qu'ils savent faire, ce qui est rarement la même chose
- lorsque des incidents se produisent en cours de projet, comprendre ce qui se passe, quelles sont les alternatives, définir les compromis nécessaires entre délais, prix et fonctionnalités, plutôt perdre du temps à discuter de "la faute à qui"
- effectuer la recette
J'avais plaidé en mon temps pour qu'on organise des formations sérieuses à ce travail. Je ne sais pas si cela existe aujourd'hui, mais c'est quelque chose d'indispensable.
Bonjour PapyJP et merci pour cette réponse très constructive.
Pour ce qui est des projets aux forfaits que vous m'avez décrits. Je pense maintenant qu'il a des méthodes alternatives (agiles) pour éviter un cahier des charges très lourd et parfois sans intérêt qui génère comme dans énormément de cas de nombreux avenants et donc de l'insatisfaction. Pour moi c'est aussi le rôle de l'AMOA de proposer les différentes méthodes possibles et utilisables pour la construction de son projet (et en présenter les avantages et les inconvénients). Faut-il encore qu'on fasse appel à lui.
Je suis tout à fait d'accord avec votre définition de l'AMOA et surtout avec votre avis sur l'utilité de celui-ci. Il est pour moi impensable de faire sans un AMOA. Il est cependant compliqué de vendre ce genre de prestations... car il faut très souvent démontrer l'intérêt ce celui-ci et les porteurs de projets (souvent les novices dans le domaine) sont frileux. Car cette prestation a un coût non négligeable.
Perso, j'ai jamais entendu quelqu'un prononcer cet acronyme dans le web mais oui ce sont des gens utiles lorsqu'ils maitrisent bien leur sujet. Concernant la méthode agile cela fonctionne lorsque l'on travaille sur des gros projet ou en continu sur des projets mais ça ne doit pas servir uniquement à s'affranchir des estimations/contraintes de temps sinon c'est juste la méthode de la R.A.C.H.E.
bzh a écrit :
Perso, j'ai jamais entendu quelqu'un prononcer cet acronyme dans le web mais oui ce sont des gens utiles lorsqu'ils maitrisent bien leur sujet. Concernant la méthode agile cela fonctionne lorsque l'on travaille sur des gros projet ou en continu sur des projets mais ça ne doit pas servir uniquement à s'affranchir des estimations/contraintes de temps sinon c'est juste la méthode de la R.A.C.H.E.
AMOA est un terme assez générique. Je l'entends assez souvent de mon côté. Je suis encore une fois d'accord sur le fait qu'il faut qu'un AMOA soit compétent comme dans toute fonction d'ailleurs.
Pour moi un des gros avantages des méthodes agiles c'est qu'elles laissent la place au changement. Ce qui dans un cycle en V classique est impossible.