Bonjour,
Pour en revenir au sujet initial : l'investissement n'est pas jugé nécessaire par Google. Celui-ci a, au contraire, la capacité d'imposer, s'il le souhaite, ses propres choix techniques au reste de l'industrie (voir l'exemple du no-follow, ou celui d'XMLHttpRequest avec Gmail), tout comme Microsoft, pour lequel on en est simplement plus conscient. Avec d'ailleurs, dans un autre domaine, aussi peu de considération pour les données privées ou le respect des licences.
Google agit au mieux de ses intérêts. Une entreprise ne fait pas
"d'efforts" gratuits
"pour la cause": elle investit. Cela peut avoir des effets de bords bénéfiques pour tous, comme le soutien apporté à la fondation Mozilla, motivé par des questions de stratégie face aux grands rivaux (Microsoft, etc.) et d'acquisition de compétences. Cela en aura également le jour où la standardisation du moteur de recherche sera jugée rentable. Mais cela peut être au contraire très problématique dans d'autres cas, étant donné son poids et l'impact de ses décisions sur le Web et sur les utilisateurs, lorsqu'il y a conflit d'intérêt privés ou publics. Le problème est que la mise en avant d'une "éthique Google" apparemment centrée sur l'utilisateur, et dénuée de toute validation, évite à ce dernier de poser les bonnes questions.
Il y a une certaine urgence, aujourd'hui, à poser ces questions à propos de Google et d'autres acteurs de ce type. Microsoft joue beaucoup le rôle d'épouvantail traditionnel qui cache la forêt. Cette remise en cause concerne d'ailleurs aussi bien certains acteurs historiques des standards (Oasis, par exemple, sur la question des brevets sur certains de ses formats). Et elle peut jouer dans les deux sens (Microsoft et son MSN search porté aux standards, ou le futur IE7 et le support CSS2.1, ou plus loin, le support annoncé d'application/xhtml+xml dans une version ultérieure).
En résumé, les motivations de ces grands acteurs sont rarement aussi simples qu'on le dépeind souvent. Et les "standards" y sont une question très pragmatique, plutôt que philosophique.
Dans d'autres cas, celui d'entreprises de plus faible poids, le rôle des donneurs d'ordre est nettement plus important que la compétence ou la capacité de remise en cause des concepteurs exécutants. Les enjeux des standards sont encore très loin des préoccupations de décideurs qui voient le Web à la manière des medias classiques, et qui y transposent leur savoir-faire et leurs critères habituels. C'est du côté des décideurs que la remise en cause est cruciale. Elle passera sans doute plus par la sensibilisation à la
qualité des services en ligne que par les argumentations classiques et techniques en faveur des standards.
Modifié par Laurent Denis (04 Oct 2005 - 06:12)