Le monde pro n'est pas uniforme non plus. Tu va du business-model exécrable ou tu abats une masse de boulot en des temps records à du luxe ou tu as le temps de passer des heures à des discussions sans fin sur des détails dont tout le monde s'en cogne. Ajoutons à cela les très gros projets qui permettent de mobiliser de grosses équipes et de mettre en place des procédures de développement très bien ficelées.
Mais la situation la plus commune est la suivante: Tu as du temps pour faire quelque chose de bien et correct, mais il n'est pas infini. Tu rends un boulot dans lequel on aurait pu aller plus loin dans plein de domaines: graphisme, ergonomie, qualité du code, référencement, accessibilité, performances, utilisabilité, originalité, rédaction, etc. Mais vouloir atteindre le haut du classement dans tout ces domaines c'est facilement quadrupler voir décupler tes coûts. Le but du jeu consiste donc à optimiser cela, avoir une bonne qualité mais sans faire exploser les coûts. Repérer les demandes chronophages du client qui n'apportent pas grand chose et lui proposer des solutions plus simples, ou carrément d'éjecter la fonctionnalité.
Pour les tests, on ne peut pas tout tester non plus dans toutes les circonstances. Je fais du responsive mais je ne teste pas tous les écrans/tablettes/téléphones possibles sous tous les navigateurs. Quelques checks par-ci par-là, pour le reste on met en production et on attend qu'on nous remonte les problèmes. C'est aussi pour cela qu'il ne faut pas hésiter à contacter pour transmettre les problèmes.
Maintenant du côté du client, dans le privé, il y a la logique économique. En matière de marketing, une boîte qui tente de contenter tout le monde risque fort de déposer le bilan. Il s'agit de trouver un public cible que l'on arrive à atteindre uniformément en laissant de côté les autres. Si l'effort financier pour atteindre les femmes enceintes, les hippies désabusés ou les non-voyants ne vaut pas ce que ça pourrait rapporter, l'effort devient pour un patron une simple bonne action, qu'il ne fera pas en période économiquement limite.
Pour contrer cela, on a deux possibilités, qui sont loin d'être parfaites:
1) Rendre l'accessibilité hype et sexy, pour que les clients aient la possibilité de s'en vanter et faire de la pub dessus. Cette solution a pour inconvénient d'être limitées à certains secteurs et de tenter le travail de merde pour dire qu'on l'a fait, vu que finalement on ne s'adresse pas aux premiers intéressés.
2) Rendre l'accessibilité obligatoire légalement. De nouveau l'obligation fera que beaucoup feront le strict minimum pour correspondre plus ou moins au normes mais sans se soucier de la réalité pratique. Les exemples de cette logique dans l'architecture montre bien toute la limite: les portes de toilettes qui s'ouvrent dans le mauvais sens dans des toilettes handicapées, des chambres d'hôtel pour handicapés au premier étage sans ascenseur (véridique, ceux à qui c'est arrivé on du trouver vite fait un autre hôtel), des rampes électriques sur des escaliers externes, pour lesquels il faut demander la clé, en sonnant à la sonnette en haut de l'escalier, etc. D'autre part, la multiplication des obligations légales est un frein à l'innovation et favorise les grosses structures déjà en place face aux indépendants et aux nouveaux arrivants.
Tout ça n'empêche pas de tenter d'améliorer les choses. On peut tout de même obtenir des résultats allant dans le bon sens. Je pense après toute cette longue discussion que je dois moi-même m'améliorer en explorant plus profondément ces points. Même si je ne peux pas forcément mettre en place des vérification détaillées sur tous les projets, des tests m'apprendront à mieux anticiper les problèmes.
a écrit :
Sur ce point, l'accessibilité ça a l'air d'être un peu comme la sécurité: personne ne veut payer pour ça parce que ça ne se voit pas et de toute façon tout le monde s'en fout, jusqu'au jour où le problème remonte à la surface.
C'est encore pire que la sécurité, il n'y a pas vraiment de risques à économiser sur l'accessibilité.