Bonjour,
Il y a toujours beaucoup de confusion sur ce sujet inépuisable.
Quelques petites réflexions, complément des interventions de Laurent auxquelles je souscris sans réserve surtout sur des "clés" importantes comme "pragmatisme" et "auteur".
Au sujet d’un traitement « normatif », des règles et du statut des images.
Il n'y à pas de cadre normatif ou de règle sur ce sujet délicat, il n'y a que des
bonnes et des
mauvaises alternatives.
De même, il n’y à pas de statut préalable à une image (décoration, illustration, lien).
Cette ventilation ne s’appuie sur aucune référence WCAG, c’est juste une tentative méthodologique qui à bien des égards est discutable et génère des effets pervers comme de différencier une image de décoration avec un alt nul ET une image illustrative avec un alt nul.
Du point de vue de l’accessibilité il n’y à aucune différence entre ces deux cas, le alt nul n’étant qu’un cas particulier de la pertinence.
Je fais partie de ceux qui soutiennent qu’un seul et unique critère de pertinence est suffisant et plus approprié que les 2,3 ou 4 critère successifs des méthodes d’application actuelles qui ne font que compliquer les choses.
Mais bon, pour nous autres, notamment lorsqu'on forme, il faut reconnaitre que c'est très pratique à expliquer...
Pas de règles, pas de statuts préalable, un seul objectif.
Mais si je ne peux pas m’appuyer sur des statuts qui ont le défaut d’être « préalablement dépendants d’un contexte »
, sur quoi puis-je m’appuyer ?
Sur l’objectif du traitement alternatif des image qui s’appuie sur deux « clés »: la
perte d’information et la
compréhension des contenus .
Le seul et unique but est de s’assurer qu’il n’y a pas de
perte d’information nécessaire à la compréhension d’un contenu lorsqu’une image n’est pas restituée.
C’est cette clé qui nous indique, à contrario d’un statut préalable, si, en fonction du contexte, une alternative est nécessaire ou non.
C’est du coup beaucoup plus simple : une perte d’information
nécessaire à la compréhension rends absolument nécessaire une alternative.
L’alternative doit être pertinente, c’est à dire restituer l’information nécessaire à la compréhension dans une visée, pour reprendre le mot de Laurent purement « pragmatique » : je rends un contenu compréhensible et utilisable.
Je n’ai rien d’autre à faire et on ne me demande rien d’autre.
Appliquée stricto-sensu cela limite énormément le volume des images à traiter « absolument ».
Dans un processus de validation c’est le non respect de cet objectif qui sera d’abord sanctionné.
Au delà : le travail de l’auteur
Certes on peut discuter à l’infini de toute autre justification aux alternatives mais ce n’est plus de l’accessibilité.
Cela concerne le travail de l’auteur et de ses intentions.
Dans l’absolu, l’auteur à le droit, rien ne l’interdis, de décrire autant d’images qu’il le veut.
Il peut tout autant imaginer que ces alternatives vont permettre des "reconstructions mentales" d’images, ou permettre de restituer une "atmosphère graphique" ou tout autre concept plus ou moins fumeux et qui n’ont strictement rien à voir avec l’accessibilité.
Attention, je ne dis pas qu'il ne faut jamais le faire mais que ce sont des cas très particuliers et exceptionnel.
Pour un site sur le bleu de klein en dominante exclusive de rouge par effet artistique ça peut être intéressant.
Mais d'expliquer avec des mots qu'une image est là pour illustrer l'angoisse, la joie ou je ne sais qu'elle autre sensation atmosphérique c'est d'abord extraordinairement complexe et souvent ça n'apporte absolument rien.
Au contraire, c’est une démarche, passez moi l’expression, "foireuse", car à vouloir trop en faire ou à tenter de "faire voir avec des mots" on obtient l’effet inverse : on pollue tant et si bien que le résultat devient au mieux "pénible" souvent "incompréhensible" et donc "inaccessible".
Lorsqu’on expertise une page le plus difficile n’est pas de déterminer quand il faut sanctionner la perte d’information, c’est trivial et assez simple, mais de se déterminer sur la conséquence des alternatives "non nécessaires" sur la compréhension du contenu.
L’image n’existe pas
Il faut et c’est là la chose la plus difficile, faire en sorte que l’alternative soit la moins « sensible » possible qu’elle soit intégrée au flux de texte et limiter les ruptures de rythme et de sens dans l’écoute.
Les cas où l'on doit traiter l'image comme un "objet-image" sont très spécifiques.
Cela peut arriver lorsque l'image produit son propre contexte, par exemple une archive iconographique ou lorsqu'elle est elle-même le sujet du contenu.
<edit>J'oubliais un autre cas où le traitement de l'image en tant "qu'objet" se justifie qui est le cas, très intéressant, des images de caricatures
</edit>
Dans tout les autres cas c'est souvent le signe que l'alternative est soit inutile soit inappropriée.
Attachez vous au strict essentiel : votre job c'est limiter la perte d'information dans le sens de la compréhension et de l'utilisation.
Tout le reste c’est de la poésie…
Jean-Pierre
Ps : Merci à Laurent et aux autres de la citation pour webornome
Modifié par jpv (07 Jun 2007 - 18:20)